« Je voudrais essayer de contourner l’ogre endormi de façon discrète, en marchant sur la pointe des pieds…
– D’accord, fais-moi un test de furtivité.
– J’ai fait 4 !
– C’est un échec, et l’ogre se réveille. Vous êtes repérés ! L’ogre se relève et brandit une massue. Jet d’initiative ! »
Voilà un exemple de situation que l’on peut rencontrer à l’atelier jeu de rôle, le mardi soir au lycée Marx Dormoy…
Qu’est-ce que le jeu de rôle ?
Le jeu de rôle est une forme de jeu de société qui nécessite très peu de matériel mais demande une grande implication des joueurs et joueuses, et un important effort d’imagination.
Le jeu de rôle sur table (parfois appelé jeu de rôle papier) est à mi-chemin entre le jeu de société, le théâtre d’improvisation et l’écriture collective. C’est une histoire collaborative dans laquelle les joueurs et joueuses interprètent des personnages, généralement dans un univers imaginaire, et agissent sur le scénario qui s’adapte à leurs actions. Ce scénario est proposé par un MJ (maître de jeu ou meneur de jeu, en l’occurrence un enseignant du lycée) qui va semer des obstacles sur le chemin des PJs (personnages joueurs) et incarner l’environnement, les personnages non-joueurs, et les créatures maléfiques qu’il faudra affronter (ou fuir…).
Le jeu de rôle est donc un jeu très libre, où tout ou presque peut arriver. Les joueurs et joueuses peuvent décider de surmonter les obstacles qui leur barrent la route de la façon qu’ils préfèrent. Ainsi, pour reprendre l’exemple cité en exergue de cet article, les PJs pourraient décider de contourner l’ogre, mais ils et elles pourraient également l’attaquer dans son sommeil, le réveiller et parlementer, ou tout simplement l’ignorer et faire demi-tour…
Le MJ (meneur ou meneuse de jeu) adapte le scénario en fonction des réactions des PJs. C’est un rôle qui demande une certaine adaptabilité, et nécessite d’improviser à tout bout de champ.
Les jeux de rôle sont encadrés par des règles. Il existe autant de systèmes et univers que de joueurs et joueuses, et la difficulté peut varier en fonction des jeux. Alors que certains jeux tiennent sur quatre pages, d’autres nécessitent de lire plusieurs ouvrages pour bien distiller l’essence des règles…
Les personnages incarnés par les joueurs et joueuses sont représentés par des fiches de personnage. Celles-ci comportent des informations de roleplay (par exemple : quel est le trait de personnalité emblématique de mon personnage ?) ainsi que des éléments mécaniques en rapport avec le système de jeu (par exemple : quel est le score d’intelligence de mon personnage ?)
L’élément le plus emblématique du jeu de rôle est bien sûr le lancer de dés. Lorsqu’un personnage tente de réaliser une action, le MJ peut décider de demander un test afin de connaître l’issue de cette action. Dans l’exemple cité en exergue, le PJ rate son test de furtivité, ce qui amène à une nouvelle complication… Les dés de jeu de rôle sont souvent des dés polyédriques, le plus célèbre étant bien sûr le d20, un dé à vingt faces.
Les jeux de rôle se déroulent le plus souvent dans des univers imaginaires. Ainsi, on se retrouve tantôt projeté dans un monde de fantasy peuplé d’elfes, de dragons et de puissants magiciens, tantôt dans un vaisseau spatial à la dérive, pourchassé par une créature extraterrestre… Horreur, science-fiction, enquêtes surnaturelles… Il y en a pour tous les goûts !
D’où vient le jeu de rôle ?
Le jeu de rôle naît dans les années 70 lorsque deux jeunes américains imaginent de nouvelles règles de wargames (ces jeux de figurines dans lesquelles deux armées s’affrontent) qui permettent d’incarner un seul personnage au lieu d’une armée entière. C’est comme ça que le premier jeu de rôle papier voit le jour. Son nom est connu de presque tout le monde. Vous l’aurez deviné, il ne s’agit de nul autre que Donjons & Dragons ! C’était il y a 50 ans exactement !
Le jeu de rôle a beaucoup évolué depuis, mais le principe reste le même.
Pourquoi pratiquer le jeu de rôle ?
Outre l’aspect divertissant du jeu de rôle, c’est une activité très enrichissante pour les élèves. Il requiert à la fois une certaine aisance à l’oral et un talent d’interprétation des personnages, mais fait également travailler de nombreuses compétences : travail en équipe, résolution de problèmes, écriture collaborative, effort d’imagination, et même parfois un peu de mathématiques, bien que calculer 8d6+5 ne soit pas un challenge particulièrement difficile !
(Photographie diffusée avec l’accord des élèves et de leurs familles)
Dormoy & Dragons
Les dix élèves qui composent l’atelier viennent tout juste de terminer leur première aventure, après de nombreuses séances de jeu. Ils incarnaient des enfants du village champêtre de Clairval, une bourgade tranquille dans un univers de fantasy inspiré par l’œuvre de Tolkien. Après un exil de plusieurs années, les PJs retournent dans leur village natal et découvrent que les enfants du village ont été enlevés. Armés de leur courage (et de leurs épées, arcs, mousquets et autres baguettes magiques…), ils et elles se lancent à la poursuite des ravisseurs. Après une enquête dans une taverne peu recommandable, une excursion en forêt qui se solde par le sauvetage d’une licorne et une séance de négociations avec des gobelins, les aventuriers finissent par découvrir que les enfants sont retenus prisonniers par un affreux nécromant dans le château de Clairval… Le combat est épique et difficile, mais nos héros finissent par triompher des forces du mal. La paix et la tranquillité reviennent finalement à Clairval…
Sur demande des joueurs et joueuses, la prochaine partie sera une enquête surnaturelle dans un cadre horrifique. Sueurs froides assurées !